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français 1ère S
21 juin 2006

Un rapport de 50 pages que j’ai dû envoyer à

Un rapport de 50 pages que j’ai dû envoyer à Paris m’a empêché d’être plus rapide. Demain, viendra le reste.

Merci !!!! à tous ceux qui m’ont appelé pour me donner leurs impressions sur l’épreuve écrite…

Deuxième monologue de Sigismond (II,19)

Rappel : définition et fonctions d’un monologue

Discours d’un personnage seul sur scène qui se parle à lui-même et qui extériorise le fond de son cœur ou de sa pensée. Il est un artifice proprement théâtral.

Le monologue peut avoir plusieurs fonctions :

  • Informative : lorsque le personnage, par le biais de la double énonciation, informe le spectateur sur la situation….
  • lyrique : lorsqu’il permet au personnage de dévoiler ses sentiments, ses émotions.
  • délibérative : lorsqu’il permet au personnage, après avoir résolu un dilemme, de s’orienter vers un choix, une décision.
  • dramatique (au sens grec d’action) : lorsque le monologue fait avancer l’action.

Ces différentes fonctions peuvent être, bien évidemment, combinées au sein d’un même monologue.

àChez Calderon, le monologue, comme voix de l’intériorité, est une dette à l’égard de l’enseignement qu’il a reçu des Jésuites. La spiritualité jésuite privilégie, en effet, le regard intérieur, la méditation qui permet d’accéder à la conscience de soi.

I.                   Le deuxième monologue de Sigismond

  1. Rappel de la situation

    • A la source du songe, il y a d’abord une mise en scène montée de toutes pièces par Basyle.
    • Chacun doit obéissance à Sigismond et faire comme s’il était le roi.
    • Seul Sigismond l’ignore : cette expérience doit apporter la réponse à une série d’hypothèses formulées au préalable. Du Sigismond prisonnier du rêve dépendra le sort du Sigismond revenu à lui.
    • On peut justifier ce monologue sur le plan dramatique (de l’action) : Sigismond a réintégré sa prison ; il est seul ; ce qui le conduit presque naturellement à exposer ses pensées. Le début de sa tirade « Cela est vrai » permet de lier logiquement aussi ce monologue à la scène précédente ; ce qui le justifie du point de vue dramatique.

  1. Un monologue :

  • Une didascalie « Il sort » dans la scène précédente qui précise la sortie de Clothalde. La seule didascalie « Sigismond » dans cette scène indique que le personnage est seul sur scène.
  • Le système pronominal révèle une parole solitaire qui s’exprime : le texte comporte, en effet, des indices de première personne « me, moi, je, je j’ » qui désignent, bien évidemment, Sigismond. Ils sont, toutefois, rares.

  1. Une pensée structurée

  • Long monologue dont la composition est particulièrement significative :
  • Les 7 premiers vers comportent la présence de nombreux verbes d’action employés au futur de l’indicatif – moyen de maintenir le suspens chez le spectateur - « réprimons, agirons » : ils suggèrent, chez le personnage, la volonté d’adopter une nouvelle attitude : Sigismond est prêt à renoncer à la violence naturelle qui le caractérisait jusque-là. Le début du monologue a donc une fonction dramatique : le spectateur attend un changement de comportement de la part du personnage ; ce que confirmera la suite de la pièce.
  • Le reste consiste en une méditation qui prend racine dans l’expérience collective « l’expérience m’apprend que (…) » ou dans la conception personnelle que l’on se fait de la vie « Quand il voit (…) ». Cette deuxième unité a une fonction lyrique, au sens large, ou plus exactement philosophique en ce qu’elle interroge le sens de la vie.
  • Cette composition peut surprendre : on aurait pu penser qu’à la suite d’une prise de conscience Sigismond ait pris la décision de devenir sage. Ici, elle semble antérieure. Du coup, le monologue semble prétexte à une véritable démonstration.

II.                Un monologue démonstratif

Rappel : la démonstration s’appuie sur des assertions considérées comme vraies à partir desquelles se développe un raisonnement logique qui mène à une conclusion. Le but de la démonstration est de prouver une vérité indiscutable. La démonstration s’adresse en général à tous à la différence de l’argumentation qui convainc ou qui persuade un groupe d’individus spécifique. La finalité de l’argumentation est différente aussi : on cherche à faire partager une opinion.

  1. Le recours à des procédés de généralisation

    • Loin d’être anecdotique, la réflexion de Sigismond prend une valeur universelle.
    • Pour cela, Calderon recourt à des procédés de généralisation : on note le glissement pronominal du « je » à une pléthore de « nous »collectif qui désigne l’homme, le présent de vérité générale « habitons, songe », l’utilisation de termes aux référents concrets vagues capables d’englober tous les mondes, tous les temps « un monde, dans ce monde, réveil », le recours à des termes qui font images et qui représentent des réalités globales « sa richesse, sa misère et de sa pauvreté, chargé de ses fers ».
    • La généralisation fonctionne aussi sur des antithèses humaines et sociales « Le Roi, Le riche, Le pauvre » sur des pronoms démonstratifs répétés « celui qui (.. ;) celui qui (…) » pour suggérer que la méditation s’applique à tous sans distinction.
    • Elle se termine à la fin du monologue par l’absence de pronoms : les trois derniers vers fonctionnent comme une maxime.

  1. Une structure argumentative nettement charpentée

§         La démarche méthodique de Calderon s’illustre aussi à travers les indices de logique qui martèlent le passage : dans la première partie on relève « alors, au cas où, ainsi, puisque », dans la deuxième « en conclusion, mais, car ».

§         Le monologue comporte, en fait, des exemples (le Roi, le pauvre, Sigismond) qui fonctionnent comme de véritables arguments. Ce choix permet, en fait, de rendre la démonstration vivante en brossant une série de tableaux et en brisant le caractère artificiel du monologue.

§         La vivacité des représentations se mesure à la brièveté des vers de Calderon, à la longueur des phrases, à l’utilisation des verbes d’action « commande, décrète, gouverne » qui mettent les scènes sous les yeux des spectateurs.

§         Que révèlent, finalement, les exemples-arguments auxquels Sigismond a recours ?

Le Roi : le choix de cet exemple fait écho au texte de Pascal Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères dans les Pensées. Selon Sigismond, le sort du Roi n’est pas enviable : pour le mettre en évidence, il utilise une accumulation de verbes, a priori, laudatifs pour caractériser son pouvoir « commande, décrète, gouverne » qu’il annule, ensuite, par l’antithèse « vent, mort en cendres ». Il conduit ainsi le spectateur à prendre conscience que le Roi vit dans l’illusion de sa fonction et qu’il masque donc son identité de mortel par des subterfuges.

Le riche : en ne considérant que sa richesse qui lui procure paradoxalement « soucis », il privilégie son apparence sociale au détriment de ce qu’il est : un mortel comme les autres.

Le pauvre : même chose. Ce qui compte, selon Sigismond et Calderon, n’est pas sa piteuse situation sociale terrestre mais sa capacité à comprendre le sens de la vraie vie dans l’au-delà.

Celui qui prospère, celui qui s’affaire, celui qui outrage= même chose : pour Calderon, l’essentiel n’est pas de sommeiller dans la vie terrestre mais de se réveiller dans la vraie vie.

  1. Le but de la démonstration :

§         La vérité indiscutable dont Sigismond prend conscience est livrée, à la fin du monologue, en trois vers ramassés.

§         Ils reposent, tout d’abord, sur la figure de la tautologie « les songes ne sont rien d’autres que des songes » et sur celle d’un syllogisme redondant dont il revient au spectateur de tirer la conclusion :

Toute la vie n’est qu’un songe (prémisse majeur)

Les songes ne sont rien d’autres que des songes (prémisse mineur)

Donc… la vie n’est que songes qui ne sont rien d’autres que des songes.

III.             Un monologue qui livre une réflexion sur le sens de la vie

  1. La reprise du mythe de la caverne revisité

    • Le monologue de Sigismond reprend la conception de l’humanité développée chez Platon (et chez des penseurs stoïciens) dans le mythe de la caverne.
    • Ce mythe suggère que la condition humaine est prisonnière de ses illusions. Elle est pareille à ces esclaves enchaînés dans la caverne. Le monde d’ici-bas est un monde factice pour tous ceux qui n’ont pas tourné leurs regards vers le soleil de

      la Vérité.

    • L’illusion se marque dans le texte par le vocabulaire redondant du songe : on peut relever dans ce passage seize occurrences de termes, verbes ou substantifs qui renvoient au songe.
    • La composition du monologue y participe à travers l’expérience du dédoublement de Sigismond du « je » au « nous », du songe, en somme, à la réalité.
    • Plus généralement, cette problématique rappelle aussi la parole de L’Ecclésiaste, chapitre de l’Ancien Testament, « Vanité des vanités, tout est vanité » et des lieux communs espagnols, le memento mori, et certaines toiles de Valdès Leal, auteur de grandes allégories macabres sur la condition humaine.

  1. Une évolution du personnage dans l’économie de la pièce

§         Le réveil de Sigismond peut être considéré comme une première étape dans son évolution.

§         Prendre conscience du songe, c’est déjà reconnaître qu’on ne rêve plus.

§         Comment le personnage va-t-il sortir de l’illusion ?  la suite de la pièce montre qu’il va rejeter toutes les tentations de l’imaginaire qui l’égarent.

§         Il va s’en remettre à ce qui ne s’évanouit pas, donc à ce qui ne meurt pas, c’est-à-dire à l’éternité elle-même.

§         Il va célébrer la vie vécue sous le signe de l’éternité en jouissant du temps présent.

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Commentaires
F
trop tard pour recuperer les 2 scenes, mais toute facon je suis tombee sur la 1ere journee de calderon :D
B
Ah mais j'y compte bien !!!!!<br /> et vite qui plus est !!!!
A
Je retrouverai l'imposteur! vous pouvez me faire confiance
B
"l'identité baroque" ??? ça veut dire quelque chose, ça ??? est-ce bien "prof" qui a posté ce message ????
P
non je ne sais toujours pas qui a emprunté l'identité baroque de marguerite Duras; éclairez-moi
français 1ère S
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