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français 1ère S

24 juin 2006

La scène du portrait Rappel de la situation :

La scène du portrait

Rappel de la situation : Rosaure récupère son portrait qu’elle avait autrefois confié à Astolphe. Resté seul avec Etoile, Astolphe déplore de la voir ainsi insensible à ses propos galants. En réalité, elle continue à se méfier de lui et lui déclare que tous les compliments qu’il lui adresse sont sûrement destinés à la personne représentée sur le portrait qu’il portait à son cou. Il lui propose alors d’aller chercher ce fameux portrait.

Après le départ d’Astolphe, Etoile se confie à Rosaure. Elle lui raconte ce qui vient de se passer et lui demande d’attendre Astolphe pour récupérer le portrait. Rosaure se lamente de la situation confuse dans laquelle elle se trouve. Astolphe revient. Il comprend que sous le masque d’Astrée se cache Rosaure.

I.                    Une scène de querelle entre trois personnages

  1. Situation du passage

Rosaure, dans ce passage, refuse d’avouer la vérité. Elle prie Astolphe de lui confier le portrait qu’il a promis de donner à Etoile. Astolphe refuse. Etoile réapparaît et Rosaure lui laisse entendre que le portrait que le duc a entre les mains n’est autre que le sien qu’elle a laissé échapper. Grâce à cette ruse, Rosaure récupère son bien, mettant ainsi Astolphe dans l’embarras car il ne sait que dire à Etoile qui lui réclame à nouveau le portrait.

  1. La présence de trois personnages sur scène

  • Didascalies qui présentent les personnages sur scène : au début Astolphe et Rosaure puis dans la deuxième partie de la scène une autre didascalie « Entre Etoile ». indique l’arrivée d’un nouveau personnage.
  • La lecture de la pièce nous a offert des informations sur ces personnages :

Astolphe : c’est lui qui a abandonné Rosaure sans le moindre remords, après l’avoir déflorée. Il arbore son portrait dans un médaillon qu’il porte à son cou comme témoignage de sa dernière conquête. Il désire épouser Etoile, non par amour mais pour accéder à la royauté.

Rosaure : le prénom évoque la rose et l’aurore. Elle est être de lumière, âme noble et généreuse.

Etoile de l’Espagnol Estrella incarne aussi la pure clarté de

la Beauté

et de l’Amour ( d’où la périphrase l’Etoile de Vénus) dans un univers dramatique où tout n’est que confusions et troubles.

  • La présence de ce trio sur scène semble, d’emblée, indiquer aux spectateurs une forme de déséquilibre : deux femmes, un homme… On peut facilement prévoir que le contenu de l’échange sera de nature amoureuse.

3. Un dialogue qui révèle une querelle :

  • Système d’énonciation spécifique :

Cette scène repose sur deux formes du discours dramatique : le dialogue -1ère  et 2ème parties – et trois apartés –après l’arrivée d’Etoile.

L’aparté, procédé de la double énonciation théâtrale, suggère aux spectateurs que certains propos doivent être tenus secrets des autres personnages. La tension semble donc s’installer.

  • Ce que confirme aussi le système d’énonciation au sein des dialogues : la première partie de la scène consiste en un dialogue entre Astolphe et Rosaure qui semble déséquilibré pour plusieurs raisons :

Le système pronominal dans l’opposition « tu/vous » traduit une différence sociale, une distance entre les deux personnages ; ce que prouvent les premières apostrophes dans la bouche de Rosaure « Votre Altesse, Votre Altesse ». Puis la situation s’inverse : le « vous » fait place au « tu » et aux formules laudatives succèdent des expressions « ingrat, ingrat » familières.

La longueur des répliques : le dialogue semble au départ équilibré : chacun prend longuement la parole puis Calderon utilise le procédé de la stichomythie avant l’entrée en scène d’Etoile. Ce procédé traduit une énergie, une nervosité plus grandes. On pourrait imaginer un déplacement des personnages de plus en plus rapide et un timbre de voix proche de la colère.

Après l’arrivée d’Etoile, le personnage d’Astolphe n’intervient presque plus. Cette éviction du discours suggère qu’il n’est plus maître de la situation et que le duo de femmes fonctionne bien.

II.                 Un jeu de camouflages

  1. Rosaure en Astrée

  • Le déguisement est, tout d’abord, un thème baroque : il renvoie, en effet, à l’illusion, à la difficulté de saisir l’être derrière l’apparence. .
  • Rosaure s’est déjà travestie une première fois dès la scène d’exposition où elle apparaît sous les traits d’un jeune homme.
  • Dans cette scène, le discours d’Astolphe et le costume du personnage sur scène révèlent l’identité qu’elle a empruntée : « l’apparence d’Astrée ».
  • Astrée dans la mythologie est la fille vertueuse et juste de Zeus et de Thémis. Elle se retira du séjour des vivants  pour se fixer parmi les Astres. Rosaure rappelle Astrée sur bien des plans : être actif, vertueux, honnêteté, loyauté.

  1. Une comédie dans la comédie

  • La scène repose sur le procédé du théâtre dans le théâtre : Rosaure joue à incarner Astrée, suivante d’Etoile.
  • Par le jeu théâtral, elle va tenter de manipuler Astolphe :

Par le vouvoiement qui renvoie à la différence de condition sociale maître/valet

Par des formules de servitude dans son discours qui traduisent un attachement à celle qu’elle sert « de vous prier de sa part, de lui porter moi-même, Etoile qui en dispose ».

Le lecteur peut imaginer aussi que son jeu de scène traduit la politesse excessive dans le but de convaincre Astolphe.

  • A l’arrivée d’Etoile, elle poursuit le jeu de la suivante :

En rappelant la mise en scène qu’elles ont élaborée toutes les deux « Tu m’as donné l’ordre d’attendre/ ici même Astolphe, et de lui réclamer/ un portrait de ta part. »

  • Mais elle va plus loin en se montrant comédienne avertie au détriment d’Etoile en inventant un subterfuge « le souvenir que j’en avais/ un de moi dans ma manche/ De ma main il tomba ».

  1. Un spectacle réussi :

  • Le jeu de scène de Rosaure a fonctionné sur les deux spectateurs intérieurs: Etoile intervient pour que le portrait de Rosaure lui soit rendu « Astolphe, lâchez ce portrait. ». Rosaure a réussi à manipuler Etoile « Maintenant, dis-lui de te donner l’autre. » et elle triomphe au sein du dernier aparté «  (J’ai récupéré mon portrait. A présent, advienne que pourra.) ». Astolphe en tant que spectateur du jeu a été leurré : il n’a plus droit à la parole en fin de scène.

III.               Le triomphe de l’illusion ou comment le mensonge permet d’atteindre

la Vérité

  1. Un jeu périlleux

Pourtant Rosaure semble, dès le début, démasquée par Astolphe. Elle paraît en danger.

  • Astolphe est sensible à l’opposition entre être et paraître « l’apparence d’Astrée ».
  • Il est capable de déceler le faux du vrai en repérant sous le masque du personnage emprunté la véritable identité : d’où des oppositions entre « yeux/voix » reprise par la métaphore de la musique « musique des yeux, instrument aussi discordant de la voix », entre le vrai/le faux « la fausseté/ la vérité ».
  • Face à l’obstination de Rosaure, il accepte finalement le jeu ; ce que traduit l’apostrophe « Astrée ». Il tente lui aussi de manipuler Rosaure sur le même terrain, celui du double, celui du vrai et du faux : c’est ainsi qu’il propose à la fausse Astrée d’amener à Etoile le vrai portrait, en nature, de Rosaure parce que le faux – le médaillon – n’a pas d’intérêt.
  • Rosaure s’en tire encore grâce au jeu théâtral: sa maîtresse Etoile lui a demandé le médaillon « Moi je viens chercher un portrait, / et même si je rapporte l’original de plus haut prix, je n’en aurais/ que de la déception ».

  1. l’affleurement du vrai sous le faux

  • Consciente du jeu qu’elle mène, de l’identité qu’elle emprunte au détriment d’Astolphe qui n’est pourtant pas dupe, Rosaure tente, dans cette scène qui les réunit, de lui faire des reproches sur ce qu’elle a vécu avec lui par le recours à l’implicite.
  • Certains de ses propos sont à double entente (ou à double sens) et révèlent la vérité sous le couvert de l’illusion :

Ainsi, lorsque Rosaure dit à Astolphe « Quand un homme se propose,/plein d’audace, de fierté et de courage, d’obtenir quelque chose, on a beau lui donner/ une chose de plus grand prix, il en est tout penaud et déconfit » elle fait référence à une double situation : à celle du portrait mais aussi à ce qui lui est arrivé avec Astolphe : elle s’est donnée à lui par le passé et il l’a déshonorée.

Même procédé lorsqu’elle dit « Ta Rosaure, moi ? » : dans la situation feinte, elle dit qu’elle n’est pas Rosaure. Dans la situation réelle, elle suggère que si elle est Rosaure, elle n’est plus à lui.

A vous de conclure.

Je crois que j’ai fini de vous envoyer tout ce qui m’a été demandé.

Bonne chance pour l’oral.

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21 juin 2006

Un rapport de 50 pages que j’ai dû envoyer à

Un rapport de 50 pages que j’ai dû envoyer à Paris m’a empêché d’être plus rapide. Demain, viendra le reste.

Merci !!!! à tous ceux qui m’ont appelé pour me donner leurs impressions sur l’épreuve écrite…

Deuxième monologue de Sigismond (II,19)

Rappel : définition et fonctions d’un monologue

Discours d’un personnage seul sur scène qui se parle à lui-même et qui extériorise le fond de son cœur ou de sa pensée. Il est un artifice proprement théâtral.

Le monologue peut avoir plusieurs fonctions :

  • Informative : lorsque le personnage, par le biais de la double énonciation, informe le spectateur sur la situation….
  • lyrique : lorsqu’il permet au personnage de dévoiler ses sentiments, ses émotions.
  • délibérative : lorsqu’il permet au personnage, après avoir résolu un dilemme, de s’orienter vers un choix, une décision.
  • dramatique (au sens grec d’action) : lorsque le monologue fait avancer l’action.

Ces différentes fonctions peuvent être, bien évidemment, combinées au sein d’un même monologue.

àChez Calderon, le monologue, comme voix de l’intériorité, est une dette à l’égard de l’enseignement qu’il a reçu des Jésuites. La spiritualité jésuite privilégie, en effet, le regard intérieur, la méditation qui permet d’accéder à la conscience de soi.

I.                   Le deuxième monologue de Sigismond

  1. Rappel de la situation

    • A la source du songe, il y a d’abord une mise en scène montée de toutes pièces par Basyle.
    • Chacun doit obéissance à Sigismond et faire comme s’il était le roi.
    • Seul Sigismond l’ignore : cette expérience doit apporter la réponse à une série d’hypothèses formulées au préalable. Du Sigismond prisonnier du rêve dépendra le sort du Sigismond revenu à lui.
    • On peut justifier ce monologue sur le plan dramatique (de l’action) : Sigismond a réintégré sa prison ; il est seul ; ce qui le conduit presque naturellement à exposer ses pensées. Le début de sa tirade « Cela est vrai » permet de lier logiquement aussi ce monologue à la scène précédente ; ce qui le justifie du point de vue dramatique.

  1. Un monologue :

  • Une didascalie « Il sort » dans la scène précédente qui précise la sortie de Clothalde. La seule didascalie « Sigismond » dans cette scène indique que le personnage est seul sur scène.
  • Le système pronominal révèle une parole solitaire qui s’exprime : le texte comporte, en effet, des indices de première personne « me, moi, je, je j’ » qui désignent, bien évidemment, Sigismond. Ils sont, toutefois, rares.

  1. Une pensée structurée

  • Long monologue dont la composition est particulièrement significative :
  • Les 7 premiers vers comportent la présence de nombreux verbes d’action employés au futur de l’indicatif – moyen de maintenir le suspens chez le spectateur - « réprimons, agirons » : ils suggèrent, chez le personnage, la volonté d’adopter une nouvelle attitude : Sigismond est prêt à renoncer à la violence naturelle qui le caractérisait jusque-là. Le début du monologue a donc une fonction dramatique : le spectateur attend un changement de comportement de la part du personnage ; ce que confirmera la suite de la pièce.
  • Le reste consiste en une méditation qui prend racine dans l’expérience collective « l’expérience m’apprend que (…) » ou dans la conception personnelle que l’on se fait de la vie « Quand il voit (…) ». Cette deuxième unité a une fonction lyrique, au sens large, ou plus exactement philosophique en ce qu’elle interroge le sens de la vie.
  • Cette composition peut surprendre : on aurait pu penser qu’à la suite d’une prise de conscience Sigismond ait pris la décision de devenir sage. Ici, elle semble antérieure. Du coup, le monologue semble prétexte à une véritable démonstration.

II.                Un monologue démonstratif

Rappel : la démonstration s’appuie sur des assertions considérées comme vraies à partir desquelles se développe un raisonnement logique qui mène à une conclusion. Le but de la démonstration est de prouver une vérité indiscutable. La démonstration s’adresse en général à tous à la différence de l’argumentation qui convainc ou qui persuade un groupe d’individus spécifique. La finalité de l’argumentation est différente aussi : on cherche à faire partager une opinion.

  1. Le recours à des procédés de généralisation

    • Loin d’être anecdotique, la réflexion de Sigismond prend une valeur universelle.
    • Pour cela, Calderon recourt à des procédés de généralisation : on note le glissement pronominal du « je » à une pléthore de « nous »collectif qui désigne l’homme, le présent de vérité générale « habitons, songe », l’utilisation de termes aux référents concrets vagues capables d’englober tous les mondes, tous les temps « un monde, dans ce monde, réveil », le recours à des termes qui font images et qui représentent des réalités globales « sa richesse, sa misère et de sa pauvreté, chargé de ses fers ».
    • La généralisation fonctionne aussi sur des antithèses humaines et sociales « Le Roi, Le riche, Le pauvre » sur des pronoms démonstratifs répétés « celui qui (.. ;) celui qui (…) » pour suggérer que la méditation s’applique à tous sans distinction.
    • Elle se termine à la fin du monologue par l’absence de pronoms : les trois derniers vers fonctionnent comme une maxime.

  1. Une structure argumentative nettement charpentée

§         La démarche méthodique de Calderon s’illustre aussi à travers les indices de logique qui martèlent le passage : dans la première partie on relève « alors, au cas où, ainsi, puisque », dans la deuxième « en conclusion, mais, car ».

§         Le monologue comporte, en fait, des exemples (le Roi, le pauvre, Sigismond) qui fonctionnent comme de véritables arguments. Ce choix permet, en fait, de rendre la démonstration vivante en brossant une série de tableaux et en brisant le caractère artificiel du monologue.

§         La vivacité des représentations se mesure à la brièveté des vers de Calderon, à la longueur des phrases, à l’utilisation des verbes d’action « commande, décrète, gouverne » qui mettent les scènes sous les yeux des spectateurs.

§         Que révèlent, finalement, les exemples-arguments auxquels Sigismond a recours ?

Le Roi : le choix de cet exemple fait écho au texte de Pascal Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères dans les Pensées. Selon Sigismond, le sort du Roi n’est pas enviable : pour le mettre en évidence, il utilise une accumulation de verbes, a priori, laudatifs pour caractériser son pouvoir « commande, décrète, gouverne » qu’il annule, ensuite, par l’antithèse « vent, mort en cendres ». Il conduit ainsi le spectateur à prendre conscience que le Roi vit dans l’illusion de sa fonction et qu’il masque donc son identité de mortel par des subterfuges.

Le riche : en ne considérant que sa richesse qui lui procure paradoxalement « soucis », il privilégie son apparence sociale au détriment de ce qu’il est : un mortel comme les autres.

Le pauvre : même chose. Ce qui compte, selon Sigismond et Calderon, n’est pas sa piteuse situation sociale terrestre mais sa capacité à comprendre le sens de la vraie vie dans l’au-delà.

Celui qui prospère, celui qui s’affaire, celui qui outrage= même chose : pour Calderon, l’essentiel n’est pas de sommeiller dans la vie terrestre mais de se réveiller dans la vraie vie.

  1. Le but de la démonstration :

§         La vérité indiscutable dont Sigismond prend conscience est livrée, à la fin du monologue, en trois vers ramassés.

§         Ils reposent, tout d’abord, sur la figure de la tautologie « les songes ne sont rien d’autres que des songes » et sur celle d’un syllogisme redondant dont il revient au spectateur de tirer la conclusion :

Toute la vie n’est qu’un songe (prémisse majeur)

Les songes ne sont rien d’autres que des songes (prémisse mineur)

Donc… la vie n’est que songes qui ne sont rien d’autres que des songes.

III.             Un monologue qui livre une réflexion sur le sens de la vie

  1. La reprise du mythe de la caverne revisité

    • Le monologue de Sigismond reprend la conception de l’humanité développée chez Platon (et chez des penseurs stoïciens) dans le mythe de la caverne.
    • Ce mythe suggère que la condition humaine est prisonnière de ses illusions. Elle est pareille à ces esclaves enchaînés dans la caverne. Le monde d’ici-bas est un monde factice pour tous ceux qui n’ont pas tourné leurs regards vers le soleil de

      la Vérité.

    • L’illusion se marque dans le texte par le vocabulaire redondant du songe : on peut relever dans ce passage seize occurrences de termes, verbes ou substantifs qui renvoient au songe.
    • La composition du monologue y participe à travers l’expérience du dédoublement de Sigismond du « je » au « nous », du songe, en somme, à la réalité.
    • Plus généralement, cette problématique rappelle aussi la parole de L’Ecclésiaste, chapitre de l’Ancien Testament, « Vanité des vanités, tout est vanité » et des lieux communs espagnols, le memento mori, et certaines toiles de Valdès Leal, auteur de grandes allégories macabres sur la condition humaine.

  1. Une évolution du personnage dans l’économie de la pièce

§         Le réveil de Sigismond peut être considéré comme une première étape dans son évolution.

§         Prendre conscience du songe, c’est déjà reconnaître qu’on ne rêve plus.

§         Comment le personnage va-t-il sortir de l’illusion ?  la suite de la pièce montre qu’il va rejeter toutes les tentations de l’imaginaire qui l’égarent.

§         Il va s’en remettre à ce qui ne s’évanouit pas, donc à ce qui ne meurt pas, c’est-à-dire à l’éternité elle-même.

§         Il va célébrer la vie vécue sous le signe de l’éternité en jouissant du temps présent.

4 avril 2006

Objectif : préparation à l’entretien Candide ou

Objectif : préparation à l’entretien

Candide ou de l’optimisme, Voltaire, 1759

  1. Rapport avec l’objet d’étude : le dialogue, l’essai, l’apologue

  • Ce court texte est un conte philosophique qui repose sur une argumentation indirecte. Il appartient à la catégorie large de l’apologue en ce qu’il livre une argumentation sous le couvert d’une fiction agréable.

  • Mais quelle thèse ?

  • Le sous-titre de l’œuvre « ou de l’optimisme » offre, d’emblée, une orientation.
  • Le terme n’est bien évidemment pas à prendre dans son acception moderne « tournure d’esprit qui dispose à prendre les choses du bon côté ».

  • Il a un sens philosophique. Il désigne au XVIII siècle une théorie. Il vient du latin optimum, le meilleur et le suffixe –isme signifie la doctrine. L’optimisme est donc « la doctrine du meilleur ».

  • Quel sens doit-on donner à ce concept ?

  • Il se réfère, en fait, à la doctrine de Leibniz (1646-1716) fort en vogue à l’époque. Philosophe et mathématicien, Leibniz développe ses idées dans

    la Théodicée

    (parue en 1710) où il aborde en particulier le problème de la compatibilité du mal avec l’existence de Dieu.

  • Voici la démonstration qu’il établit :

Si Dieu existe, il est parfait, et il est seul parfait. Par conséquent, tout ce qui n’est pas de lui est nécessairement imparfait.

D’autre part, si Dieu est parfait, il est, par la même nécessité c’est-à-dire :

Tout-puissant (il peut tout ce qu’il veut)

Toute bonté et toute justice (il ne veut que le bien)

Toute sagesse (il sait exactement et harmonieusement adapter les moyens aux fins).

Il en résulte que, si Dieu existe, il a nécessairement pu, voulu et su créer le moins imparfait de tous les mondes imparfaits théoriquement concevables, le mieux adapté aux fins suprêmes, le meilleur des mondes, donc.

Mais, le mal existe et Leibniz le sait bien ! Il affirme seulement, si l’on peut dire, que tous les maux de la création et des créatures ne pouvaient pas être moindres. Vu d’en haut (regard de Dieu), un mal peut cacher un bien.

à Le but de Voltaire est donc de détruire la philosophie de Leibniz en en montrant le ridicule et l’absurde.

  1. Pour quelles raisons Voltaire s’en prend-il à Leibniz ?

    • La biographie de Voltaire offre quelques pistes:

    • Au début de sa carrière, Voltaire paraît plutôt optimiste. Le poème Le Mondain qu’il écrit en 1736 le traduit avec provocation « le paradis terrestre est là où je suis ».
    • Vers cinquante ans, il devient historiographe du roi, poète officiel, membre de l’Académie française. Aucune ombre n’apparaît au tableau.

    • Toutefois, des déceptions et des échecs qu’il va subir l’affecteront profondément :

On se lasse de lui à la cour.

Madame du Châtelet, son amie de toujours, meurt.

Séjour empli de désillusion en Prusse auprès de Frédéric II.

Le tremblement de terre de Lisbonne le 24 novembre 1755 qui détruit la ville en faisant 40 mille morts.

La guerre de Sept Ans (conflit européen qui oppose

La France

, l’Autriche, l’Espagne et

la Russie

à l’Angleterre et à

la Prusse.

Frédéric

II bat, entre autres, les Français à Rossbach).

§         Voltaire publie le Poème sur le désastre de Lisbonne, violent réquisitoire contre

la Providence

qui permet des malheurs injustifiables.

à Tel est l’enchaînement d’effets et de causes qui contribueront à la rédaction de Candide.

  1. Par quelles stratégies Voltaire réfute-t-il la thèse de Leibniz ?

3.1 Le choix du genre : le conte philosophique

§         C’est un camouflage transparent qui permet au XVIII siècle de déjouer censure et police. Voltaire pense que, lorsqu’on brûle les livres et les hommes, la première exigence de la sagesse est de survivre mais aussi de tromper les autorités pour que la vérité puisse apparaître quand même.

§         A propos du Dictionnaire philosophique il écrira en 1761 : « Dès qu’il y aura le moindre danger, je vous [d’Alembert] demande en grâce de m’avertir afin que je désavoue l’ouvrage dans tous les papiers publics avec ma candeur et mon innocence ordinaires. ».

§         De plus, romans et fictions sont considérés au XVIII comme genres mineurs et sont rarement signés : autre prudence dans le choix du conte.

§         Pour Candide, Voltaire prétend même que le conte fut écrit par le frère de Candide et traduit par un certain docteur Ralph qui, bien sûr, n’existe pas.

3.2 Le choix de personnages spécifiques

  • Pangloss est une incarnation de Leibniz. En condamnant le personnage, Voltaire s’en prend indirectement aux théories du philosophe. Le nom caractérise, tout d’abord, le personnage : pan (en Grec) signifie « tout » et glossa « la langue ». Il est "toute langue" c’est-à-dire personnage discoureur impénitent qui raisonne sur tout et sur rien. Il ne fait que réciter mécaniquement une théorie qui repose sur des sophismes (propos non prouvés par l’expérience) et des raisonnements incorrects. Autre figure fautive, le renversement logique de cause à effet : le personnage s’acharne à instituer des enchaînements entre les événements, quitte à énoncer les liens de causalité les plus saugrenus. Il est, enfin, un des rares personnages figés : il disparaît au chapitre 6 pour ne revenir qu’au 27ième sans avoir muri.
  • Candide : la candeur implique à la fois la notion de crédulité et de pureté. D’un côté, la naïveté du personnage en fait la proie idéale de la mécanique vide de Pangloss et de toutes ses illusions. Mais, l’autre face est positive : elle suppose la pureté, la droiture du jugement, l’absence de préjugés qui lui permettront de s’étonner, de raisonner avec pertinence, de remettre en question les propos de son précepteur. Le parcours de Candide est initiatique : il perd des illusions. Le jeune garçon inconsistant au début devient à la fin le guide d’une petite communauté, instituant un nouvel art de vivre. L’évolution du personnage rappelle celle de Voltaire.

3.3 Le recours à un registre de l’argumentation indirecte : l’ironie

  • La distanciation : l’ironie procède dans ce conte de l’existence d’un double regard. Le premier vient du personnage naïf et optimiste qui appréhende la réalité sur un mode euphorique ; le second est un regard à distance, ironique, celui de l’auteur et du lecteur qui ne peuvent pas partager l’illusion de Candide.

  • L’antiphrase : pour créer un effet de distorsion, Voltaire utilise souvent ce procédé qui consiste à dire le contraire de ce que l’on veut faire entendre. Ainsi, la plupart du temps, plus le fait est atroce plus le mot qui le qualifie est positif.

  • Des jeux sur les causalités : l’auteur s’amuse à établir des relations de causalité aberrantes pour faire éclater l’absurde. Exemple : « M. le Baron était un des plus puissants seigneurs de

    la Vestphalie

    , CAR son château avait une porte et des fenêtres. ».

  1. Portée de la critique voltairienne : en quoi Voltaire croit-il finalement ?

  • Même si certains pensent au XVIII siècle que Voltaire nie complètement la présence du divin, tel n’est pas le cas.
  • L’étude de son œuvre montre de manière sûre qu’il était déiste et deux passages de Candide, l’utopie de l’Eldorado et l’apologue du derviche, semblent préconiser une forme particulière de religion.

  • Que faut-il entendre par déisme ? C’est une croyance en l’Etre suprême, Dieu de tous les êtres, de tous les temps, de tous les mondes, mais qui n’accepte pas les dogmes et les pratiques d’une religion.
2 avril 2006

Correction du bac blanc Questions 1. Intérêt de

Correction du bac blanc

Questions

1.

Intérêt de la question : donner une entrée possible dans le texte pour le commentaire : une représentation de la nature comme un tableau. Dans quels buts ? Effet d’esthétisme. Suggérer son caractère immortel comme celui d’une œuvre d’art.

On procède en synthétisant c’est-à-dire en repérant des éléments d’analyse communs qui vont guider la construction de la réponse du plus simple au plus compliqué.

§         Un ensemble de titres « Soleil(s) couchant(s) »= sujets d’élection des peintres romantiques.

§         Une utilisation des couleurs dans l’ensemble des textes (à vous de citer) = rappel de la palette du peintre.

§         Une série d’oppositions ombre/lumière (à vous de citer) = rappel de la technique du clair-obscur.

§         Une représentation de formes aux contours définis et aux contours indéfinis = recherche d’une esthétique entre figuratif et non-figuratif

§         Un espace construit en premier plan (les paysages) et un arrière-plan (les poètes) = moyen de suggérer une hiérarchisation signifiante de la chose peinte.

2.

Intérêt de la question : permettre de comprendre le lien entre la nature représentée comme un tableau et la figure discrète  du poète dans les textes.

  • Présence discrète dans l’emploi du « je » lyrique et de l’adjectif possessif dans le poème de Laforgue.
  • Présence perceptible à travers  les émotions et les sentiments : réflexion désabusée d’Hugo, mélancolie jouissive chez Verlaine, sarcasme chez Laforgue.
  • Présence rendue sensible à travers la coloration spécifique que prend chaque coucher de soleil : grandeur immortelle du paysage chez Hugo comme contrepoint de la petitesse et de la finitude humaine, imbrication entre paysage réelle et paysage mental chez Verlaine, regard caustique de Laforgue qui ruine le mythe de l’Orient.

Ecriture

1. Invention :

Le libellé imposait :

  • Un système d’énonciation
  • Un contenu

Pour le système d’énonciation : vous vous adressez à un producteur de télévision ou de radio à travers une lettre (quelles sont les spécificités qui la composent ? destinateur, destinataire, objet, formule de politesse…) dont le contenu doit mettre en valeur l’intérêt de la poésie. On peut donc imaginer que vous en êtes spécialiste (poète ? Critique ? Universitaire ?) et que votre message mettra en valeur cette spécialisation (par la force de vos arguments, par des exemples précis incontestables, par l’étendue de votre culture poétique…).

Pour le contenu : vous devez défendre l’intérêt de la poésie en respectant le plan donné par le libellé

1. utilité d’une émission sur la poésie à notre époque (pourquoi le « à notre époque » doit-il être pris en compte ?)

2. Contenu précis de cette émission (Allez-vous évoquer un poète précis ? Allez-vous évoquer un thème poétique précis pour en faire comprendre l’intérêt universel, Les Soleils couchants ? Allez-vous dresser un panorama ? Pourquoi ?).

3. L’intérêt que l’émission peut procurer.

Enjeu visé : convaincre ou persuader (en mobilisant les sentiments de l’interlocuteur).

Pistes

1. Utilité d’une émission sur la poésie à notre époque

Ere des multimédias qui livrent un prêt à penser à travers des moyens d’information immédiatement accessibles, faciles de compréhension… Le sens de la réalité n’est-il pas finalement dénaturé ? Où peut-on trouver son essence ?

2. Contenu de l’émission

Véhiculer par la télévision ou la radio (à vous de choisir) une réflexion sur la poésie car c’est le canal informatif utilisé par le plus grand nombre.

Proposer aux spectateurs/auditeurs une émission thématique sur Les Soleils couchants pour leur montrer combien  ce thème n’est pas si éloigné de leurs préoccupations.

Montrer comment fonctionnent les poèmes : une première lecture qui consiste en une pure représentation du coucher du soleil ; une deuxième lecture qui associe les couchers de soleil à une visée démonstrative (c’est là que vos compétences de poète, de critique, d’universitaire doivent apparaître)

3. Intérêts que l’on peut en tirer (peut-être faut-il les classer en fonction du public auquel on s’adresse, du convaincu –le minoritaire- au moins convaincu)

Emotion esthétique

Complexité du sens du poème à l’image de la complexité du monde

« Ah ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. » : thèmes poétiques universels

2. Commentaire littéraire

Problématique : quels sens revêt l’évocation de soleils couchants ?

Ière partie : de quoi s’agit-il ?  La représentation de la nature

  1. Une évocation prise en charge par le poète

  • Seul être humain du poème. Présence marquée par deux occurrences du « je » lyrique.
  • On peut penser qu’il est observateur du paysage qu’il va décrire au lecteur

  1. La description de la nature

  • Thème d’élection chez les poètes romantiques
  • Lexique approprié « mers, monts, fleuves, forêts, eaux, montagne, bois »
  • Regard qui embrasse un ensemble, un monde (utilisation récurrente du pluriel) dans sa grandeur (connotée par les termes « montagne, mers ») comme dans sa petitesse (connotée par les termes « monts, eaux »)

  1. Une nature vivante

§         Le paysage est animé par une vie intense.

§         Jeux de verbes d’action qui suggèrent les mouvements du paysage « s’iront, prendra, donne »

§         Jeux de personnifications « ridés et non vieillis, la face, le front » = la nature est ainsi considérée comme un être humain

§         Jeu d’accumulation nominale avec un rythme binaire  « face des mers, face des monts/ sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule/ et la face des eaux, et le front des montagnes » = véritable énergie naturelle.

IIème partie : comment ce thème est-il traité ? Cette représentation consiste en un véritable tableau :

  1. Un poète-peintre

  • Par sa présence discrète, on peut penser que l’essentiel pour lui consiste en une représentation du monde.
  • Thème choisi, la nature, est sujet de représentation picturale très souvent.
  • Rappel du « ut pictura poesis »

  1. Une organisation du paysage en un code pictural

  • Véritable coloriste : utilisation du lexique des couleurs ou de termes qui les connotent.
  • Textes qui reposent sur des accumulations nominales comme autant de coups de pinceaux pour rendre compte des éléments : « mers, monts, fleuves, forêts, eaux, montagnes, bois… »
  • Texte bâti sur une opposition qui peut rappeler des jeux de volumes inégaux : trois strophes évoquent la puissance de la nature, une seule concerne la finitude du poète. Utilisation des ressources graphiques de la poésie.
  • Ou répartition en plan (la nature) et arrière plan (le poète)

  1. La recherche d’une véritable esthétique

  • Le but de V. Hugo est d’imager la beauté de la nature à travers sa force.
  • La beauté se lit dans des expressions aux connotations positives « fête, radieux », termes mis en valeur car placés à la rime.
  • La beauté se mesure à la force de la nature : dans sa permanence « toujours, sans cesse », dans sa capacité à braver les lois du temps « S’iront rajeunissant ».
  • Elle acquiert ainsi une forme d’éternité comme toute œuvre d’art.

IIIème partie : Pourquoi ce texte est-il écrit ? Une réflexion sur la condition humaine

  1. Un texte qui repose sur des effets de généralisation

  • Le « je » lyrique permet, tout d’abord, l’identification du lecteur au poète.
  • Le titre donné au corpus « Ah ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. » suggère que l’anecdote prend une dimension plus collective.
  • Du coup, c’est de l’expérience de tout homme dont il s’agit.
  • Effet de généralisation dans la première partie du texte se mesure à l’emploi du pluriel, à des termes aux référents vagues (quel mont ? quelle montagne ? quelle fleuve ?).
  • Le titre au pluriel rompt avec toute illusion référentielle. La représentation semble prétexte…

  1. Une figuration du temps qui passe

  • En fait, le tableau évoque l’inexorable fuite du temps, thème d’élection aussi de la poésie depuis les auteurs de

    la Pléiade

    (Ronsard reprenant Héraclite), par divers procédés : l’emploi du pluriel au titre (cycle que l’on ne peut arrêter), par la surabondance de connecteurs temporels (1er quatrain), par des jeux d’anaphores qui saturent le poème, par des enjambements (vers 7 à 8, vers 11 à 12) qui imposent une lecture plus rapide à l’image du temps qui s’écoule.
  • Sa rapidité est si grande qu’elle justifie l’effet de concentration par la gradation qui traduit la précipitation : « Demain, le soir, la nuit, l’aube, les nuits, les jours »

  1. L’homme victime du temps qui passe

§         Cruauté du sort humain : le tableau de la nature s’oppose à la représentation de l’homme. Solitude humaine/union naturelle avec échange vivifiant (vers 11-12). Poids de la vie (préposition « sous »)/jaillissement de la vie (préposition « sur ») Le dépérissement/le rajeunissement. La mort/la vie.

§         Visée démonstrative du texte par le recours à l’implicite : à la pérennité de la nature s’oppose la finitude humaine.

3. Dissertation

Problématique : Qu’est-ce qui fait la spécificité du langage poétique ?

I.                   Une façon différente de « parler » ou une comparaison entre les deux phrases écrites sur la pancarte

  1. Les caractéristiques de la prose s’opposent traditionnellement au poétique : le premier message

Quelles sont ses spécificités ? Usage dénotatif du langage, sécheresse de la formule.

Fonction du message : livrer un contenu informatif.

  1. Le poétique consiste en un travail sur le langage : le deuxième message

Quelles sont ses spécificités ?

    • Une phrase travaillée, plus longue reposant sur un rythme binaire.
    • Une stratégie qui consiste à ne pas dire simplement la réalité mais à la suggérer par un euphémisme « je ne le verrai pas ». Moyen d’engager le lecteur.

Fonction du message : susciter l’émotion du lecteur de la pancarte.

  1. Le poétique comme redéfinition du langage

Pour les poètes, les mots sont liés aux choses de manière arbitraire. Aussi, vont-ils très souvent rebaptiser les choses en leur trouvant des noms qui les représentent mieux.

Exemple : Baudelaire rebaptise le poète en « albatros » dans le poème Albatros.

II.                Le poétique comme moyen de réagir autrement face à un message

  1. La recherche d’un esthétisme
    • Lecteur amené à être sensible à la beauté de la forme par les procédés qui la travaillent.
    • La beauté comme moyen d’adhérer plus facilement au contenu du message.

Exemple : Soleils couchants de V. Hugo démontre l’idée selon laquelle l’homme est voué à une finitude que la nature ne connaît pas. On peut penser que le poème par la beauté sur laquelle il repose (procédés picturaux, entre autres, qui l’érigent doublement en œuvre d’art) sensibilise plus fermement le lecteur.

  1. La recherche d’une émotion esthétique

§         Le langage poétique ne privilégie pas, comme c’est le cas pour la prose, la fonction uniquement référentielle du message. Il joue aussi sur d’autres dimensions.

§         Sur la fonction émotive ou expressive : il joue, en effet, sur l’attitude manifestée par le destinataire à l’égard de ce dont il parle (d’où la présence du registre pathétique dans le texte de Victor Hugo, par exemple).

§         Sur la fonction poétique : elle se caractérise par la visée du message en tant que tel. Elle met en évidence le côté palpable des signes (d’où le caractère pictural des représentations).

III.             Une conciliation possible entre prose et poétique, dans son fonctionnement, dans ses enjeux : La prose poétique (partie optionnelle)

  1. La prose poétique ou un poème débarrassé de ses carcans
  2. La prose poétique : un contenu informatif et une langue travaillée
  3. La conciliation de la fonction référentielle du langage et des fonctions émotive et poétique.

(Exemples de prose poétique : L’Amant de Marguerite Duras,  Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau, Les Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand).

2 avril 2006

Fin de l’explication de texte : Jean Servier,

Fin de l’explication de texte : Jean Servier, Histoire de l’Utopie

IIème partie : Une véritable réflexion

1. Un effort de clarté

2. Les étapes de la réflexion ou la constitution d’un circuit argumentatif

  • Ce texte répond à un enjeu argumentatif qui pourrait se formuler ainsi : qu’est-ce qui motive les Utopistes dans leur volonté de créer une société idéale ?
  • Le lecteur peut déceler un circuit argumentatif, qui offre une réponse, repérable à :

la présence d’une introduction (le 1er paragraphe), un développement (la suite), une conclusion qui synthétise le tout par des termes généraux « au fil des siècles, les mêmes thèmes, images analogues » (le dernier paragraphe), des connecteurs logiques qui marquent les étapes du raisonnement « alors, de même, enfin… ».

  • Quels sont les arguments utilisés par l’auteur ?

1er argument de nature historico-religieuse : (2ème paragraphe) : Les religions occidentales ont poussé l’homme à vouloir dépasser les limites de sa propre condition pour son Salut.

2ème argument  (3ème paragraphe) de nature sociologique : Les traditions populaires, elles aussi, ont indiqué la manière d’y parvenir : c’est un parcours difficile que l’homme doit affronter seul.

3ème argument (4ème paragraphe) de nature logique (rapport de cause à effet) : ainsi, les hommes ont imaginé une société contraignante, véritable ascèse, capable de leur offrir les voies du Salut.

4ème argument (5ème paragraphe) de nature politique : la création d’une société idéale prend naissance aussi en des périodes où une classe sociale se trouve écartée du reste de la société.

Récapitulation sous forme de liste des spécificités de l’utopie : on peut remarquer que les caractéristiques que repère l’auteur sont en rapport étroit avec les arguments qu’il vient d’énoncer. Réseau de parallélismes.

Ainsi,

1er caractéristique (voyage et rêve) reprend certaines expressions des 2 et 3èmes paragraphes : « un but à atteindre, le chemin qui mène, les rêves compensateurs »

2ème caractéristique (sa nostalgie du passé) reprend une expression du 4ème paragraphe « des cités traditionnelles ».

3ème caractéristique (retour à la pureté) reprend l’idée de « Cité juste », au 5ème paragraphe.

Ainsi de suite….

3. Le but de la réflexion :

Il s’agit d’une des finalités majeures de l’essai : il y a une volonté de didactisme affichée dans le discours de Servier. Elle se marque, notamment, par la convocation de différents savoirs qu’il met à la disposition du lecteur.

IIIème partie (Pour quelle raison l’auteur écrit-il ce texte ?) L’Utopie, un symbole

  1. L’utopie comme produit de l’imagination humaine

Le texte est parcouru par le lexique de l’imagination : « rêves compensateurs, l’esprit des hommes, vision compensatrice, vision de

la Cité

juste, symbolisme des songes ». Ce recours à l’imaginaire compensateur n’est pas sans rappeler le fonctionnement du mythe platonicien : récit (qui procède de l’imagination par opposition au discours rationnel –ou logos-) transmis de générations en générations qui conserve une mémoire collective, instrument d’une pédagogie civique.

Toutefois, l’analyse de Servier déplace la fonction du mythe telle qu’on la rencontre chez Platon : du politique au psychanalytique (sa pensée se nourrit bien évidemment des nouveaux apports de

la Clinique

avec Freud notamment). D’où l’abondance du lexique de la psychanalyse dans le texte à travers les termes « l’angoisse, une telle angoisse, compensateurs, vision compensatrice, frustrée, une même angoisse, sein maternel, souillure de la naissance charnelle, purifier la mère de son rôle d’épouse, écarter l’image du père, cité maternelle pourvoyeuse, angoisse, protection maternelle… ».

Les utopistes fondent leur société idéale sur le modèle d’évolution psychanalytique d’un individu : ils projettent, en effet, sur elle les mécanismes inhérents à la constitution de la personnalité de l’enfant : l’angoisse de la mort, le rapport conflictuel à la famille (le père, la mère), l’Oedipe (purifier, épouse, écarter l’image du père, naissance).

  1. En quoi le modèle utopique rappelle-t-il les étapes de l’enfance ?

« Enfance »

Utopie

Fœtus dans le ventre de la mère

Ile (Gaston Bachelard, l’eau et les rêves : l’île est symbole du retour à l’enfance)

Angoisse de la mort

Volonté de retrouver les structures traditionnelles, originelles, comme moyen de déjouer l’angoisse de la mort

Ecarter le père pour épouser la mère

Retour au mythe de Gaïa ou Gé, Terre nourricière.

Ecarter l’image du père pour éviter que ne se crée sur Utopie un faux pouvoir (société patriarcale, droit d’aînesse…)

Ainsi, l’utopie symbolise le rêve d’un retour au paradis perdu de l’enfance.

A vous de conclure en fonction de la problématique proposée.

Préparation à l’entretien

Objectif : la téléréalité un modèle de contre-utopie

  1. Des émissions calquées sur la contre-utopie, 1984, de George Orwell

  • Le roman campe un Etat totalitaire à travers la constitution de Big Brother. Il concentre toutes les craintes des citoyens devant les dérives totalitaires d’un Etat qui, à vouloir tout maîtriser, s’immisce à chaque instant dans la vie des personnages qu’il dépeint.
  • Pour cela, il assoit son pouvoir sur la communication : d’une part en imposant à ses citoyens une langue politiquement correcte,

    la Novlangue.

    Ainsi

    , ont été bannis tous les mots qui pourraient évoquer un passé nostalgique.

De plus, cet état fait disparaître la frontière entre l’espace public et l’espace privé par la présence généralisée des « télécrans » : « Big Brother vous regarde ! ». On suit, à travers le roman, les efforts du héros Winston Smith pour déjouer cet espionnage continuel.

  • A l’origine de cette machination littéraire, on peut imaginer que l’invention du philosophe Bentham au XVIII siècle participe de cette terrible déviance : il crée une nouvelle figure architecturale de la prison, le panopticon (« pan » en grec = tout ; « opticon » = la vision ; c’est-à-dire « tout voir »). Au centre des cellules, un surveillant peut observer tous les faits et gestes des prisonniers par l’effet de contre-jour. Les détenus intègrent le fait que la visibilité est un piège.

  1. Quelle est la nature du plaisir qui pousse les téléspectateurs à regarder les émissions de téléréalité ?

  • Les émissions de téléréalité magnifient, tout d’abord, ce qui est le plus quotidien, le plus banal : se lever, faire à manger, se laver….  à Par identification, nous devenons nous spectateurs les héros de ce quotidien. On nous donne, ainsi, l’illusion de nous montrer une société avec des personnes qui nous ressemblent par leurs travers, leurs angoisses.
  • Nous sommes positionnés en tant que voyeurs : nous jouissons, en effet,  d’un spectacle à l’insu de celui qui le vit puisque les indices de médiation sont gommés au maximum (pas de micros visibles ou de caméras dans le champ). Le plaisir que nous en tirons est proprement sadique au sens où Freud définit cette déviation sexuelle dans Métapsychologie : « le sadisme consiste en une activité de violence, en une manifestation de puissance à l’encontre d’une autre personne prise comme objet ». 
  • Par la présence de webcams qui enregistrent la réalité, les producteurs mettent aussi l’accent sur les maladresses des participants, les dérapages institués en tant que norme. En mettant au premier plan « les coulisses » du direct, on légitime chez le spectateur une forme de régression à la vue de transgressions (comportements intimes mis à nu, disputes, ….).

                                                            

Préparation à l’entretien

Objectif : un exemple d’Utopie sociale à Marseille :

La Cité

Radieuse

de Le Corbusier

  1. Historique

    • La Cité

      Radieuse

      est l’aboutissement d’un programme de recherche sur le logement mené par Le Corbusier.
    • Le but était d’apporter une réponse nouvelle au problème de logement collectif dans sa double dimension urbaine et architecturale en un moment où

      La France

      est en train d’accumuler un déficit considérable dans ce domaine.

    • Pour répondre à la commande de la construction d’une unité d’habitation passée en 1945 par le ministre de la reconstruction Raoul Dautry, Le Corbusier va développer l’idée d’un modèle innovant et avant-gardiste.

  1. Principes

  • L’idée de base est simple : il s’agit sur des terrains artificiels supportés par des pilotis de construire des ensembles de logements individuels insérés dans la logique d’une structure collective, de permettre par ses équipements l’épanouissement de la vie sociale.

L’objectif de Le Corbusier était de faire porter l’innovation sur quatre points précis :

  • La dimension urbaine dans la mesure où ce projet représente une tentative radicale de renouvellement de la structure traditionnelle de l’îlot, aux niveaux spatial et fonctionnel.
  • Les techniques de construction qu’il envisage d’orienter vers des procédés d’industrialisation contrôlés par l’utilisation d’un nouveau dimensionnement.
  • L’emploi de nouveaux matériaux
  • La conception du logement d’un point de vue technique par le contrôle du son, de la lumière, de la ventilation et d’un point de vue spatial par la mise en place de dispositifs susceptibles de produire de nouveaux usages dans l’espace de l’habitat.

  1. La réalisation

La Cité

Radieuse

correspond à une unité sociale de 1600 habitants comprenant 337 logements de 23 types différents. Les couloirs (parties communes séparant les appartements) sont appelés des rues.

137 mètres

de long,

24 mètres

de large, 18 niveaux, toit terrasse aménagé.

Elle comporte une école maternelle, un gymnase, un libre-service en alimentation, des cabinets d’architectes, une boulangerie pâtisserie, un traducteur, un hôtel, une librairie, un orthopédiste, un psychologue, un programmateur en réseau.

àChacun se situe dans la société comme un membre d’une sorte de communauté.

àChaque logis constitue le réceptacle parfait d’une famille.

Je vous en montrerai des photographies lorsque nous nous reverrons.

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français 1ère S
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